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CARTOGRAPHIER LA MÉMOIRE DES LIEUX

Origine

 

 

Un des thèmes récurrents de mon travail est la mémoire des lieux. La visite (ancienne) de la très impressionnante galerie des cartes géographiques du musée du Vatican a certainement semé dans mon esprit adolescent les graines du désir qui est maintenant le mien de représenter le monde.

 

Point de départ

 

 

L'idée c'est imposée à moi après avoir réalisé une première œuvre qui offrait une vue aérienne de mon quartier. Il s'agit de ma première toile en pointillés, clairement d'inspiration "dot painting" aborigène mais sans pour autant renoncer à la peinture à l'huile. Depuis, j'explore toutes les potentialités de cette technique picturale en constituant ma galerie, très personnelle, des lieux visités.

 

Tableau après tableau, je recherche dans ma mémoire les souvenirs (parfois très précis, mais le plus souvent ténus ou vagues) associés aux endroits que j'ai arpentés il y a plus ou moins longtemps. Cette manière de procéder n'est pas sans rappeler la « dérive » théorisée par Guy Debord pour l'élaboration de ses cartes psycho-géographiques.

 

Je commence, donc, par essayer de me rappeler les sons, les images (architecture, végétation, couleurs) et les odeurs et je réalise une série d'études sur papier avec des motifs et une première palette de couleurs. (York, UK)

 

 

Ensuite, je recherche des éléments d'information sur la mémoire du lieu (éléments d'histoire qui ont laissé une trace) et je réalise d'autres dessins préparatoires.

 

Enfin, j'étudie la carte et l'image satellite de la ville ou de la région concernée (Manhattan, New York City, USA) pour « cadrer » le sujet et je réalise la première ébauche.

 

 

Dissimuler le visible et montrer l'invisible

 

La mémoire, comme la Nature, a horreur du vide. Plutôt que d'accepter son incapacité à faire remonter des souvenirs véritables, elle va faire surgir des éléments venus d'ailleurs, ou de nulle-part.

 

La saturation du support rend compte de cette absence de vide et provoque une observation dynamique. Le regard ne peut se fixer très longtemps sur une seule et même zone. C'est ce qui donne à la toile son énergie, son rythme, qu'elle transmet à celui ou celle qui l'observe.

 


 

Cette impression de changement permanent et de mouvement perpétuel est renforcée par la juxtaposition de compositions géométriques irrégulières. Le cerveau est piégé dans sa tentative de reconstruction d'une régularité inexistante.

 

Les couleurs qui interagissent entre elles provoquent des effets d'optique qui déstabilisent le regard et provoquent une sensation d'hypnose propice à la rêverie.

 

Les points s'agglomèrent et deviennent des formes qui, comme les nuages portés par le vent, se métamorphosent sans arrêt.

 

Dans la plupart des cas, seul le nom donné à la toile permet de garder un lien avec la réalité et de retrouver les contours d'une vue aérienne du lieu indiqué. C'est ce petit jeu de cache-cache qui permet de qualifier mon travail d'abstraction figurative.

En estompant ou en dissimulant le visible, je m'efforce de faire ressortir l'invisible : les éléments de mémoire (aussi peu fiables soient-ils) car mon intention n'est bien sûr pas de reproduire le réel mais de restituer l'essence des lieux, leur âme, telle qu'elle se manifeste en moi.

 

Raconter une histoire du lieu

 

Les tonalités des couleurs utilisées, les motifs qui se superposent, le jeu des accords et des contrastes, les différentes textures, … l'esprit est en éveil et la toile devient narration. Elle raconte une histoire du lieu représenté et sa qualité dynamique permet à celui ou celle qui l'observe d'y créer sa propre histoire.